En direct de Washington par Jean-Christo En direct de Washington par Jean-Christophe Debar
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Oubliez les adjectifs habituellement utilisés pour qualifier une agriculture soucieuse de son impact environnemental. « Durable » ? Trop vague. « écologiquement intensive » ? Trop technocratique. « Agroécologique » ? Trop radical… L’expression à la mode aux États-Unis est agriculture « régénératrice ». Cette terminologie alléchante désigne un ensemble de pratiques visant à améliorer la santé du sol : semis direct, rotations, cultures intermédiaires, intégration des productions végétales et animales…, avec un recours minime (mais pas complètement proscrit) aux intrants de synthèse. L’idée sous-jacente est que la santé du sol a une influence déterminante sur celle de l’homme et des écosystèmes. Un sol plus vivant, plus riche en matière organique permet à la fois d’augmenter les rendements, de produire des aliments de qualité, de préserver la biodiversité et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en aidant les agriculteurs à s’adapter au changement climatique.
Rien de révolutionnaire dans cette approche, mais le concept de « régénération » cible directement les consommateurs, de plus en plus sensibles aux questions de durabilité. Les poids lourds de l’agroalimentaire en ont fait leur mot d’ordre. Le 4 mars dernier, General Mills, un des principaux fabricants de céréales pour le petit-déjeuner, s’est engagé à convertir 400 000 hectares à l’agriculture « régénératrice » dans sa chaîne d’approvisionnement d’ici à 2030. Le 26 juin, Danone a annoncé la création de Farming for Generations. Une « alliance globale » avec d’autres entreprises, qui veut « transformer l’élevage laitier vers l’agriculture régénératrice » et lance 25 projets pilotes, aux États-Unis, en Europe et en Russie, pour élaborer les bonnes pratiques destinées à être diffusées à grande échelle.
Ce n’est pas tout : 18 multinationales et organisations environnementales ont récemment formé l’Ecosystem Services Market Consortium. Le but : inciter les agriculteurs à stocker du carbone dans le sol et à réduire leur consommation d’eau. Les « crédits » ainsi générés seront achetés par les entreprises pour améliorer leur bilan environnemental. Des expérimentations sont en cours dans plusieurs États. Là encore, c’est l’agriculture « régénératrice » qui est présentée comme la clé du changement. Le temps dira si cette nouvelle sémantique n’est qu’une stratégie marketing ou si elle accompagne une transformation réelle du système alimentaire.
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